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Bientôt un nouveau centre d'hébergement pour les femmes victimes de violences conjugales à Rennes ? On en rêve. En attendant un projet porté par la ville envisage de "développer de nouveaux dispositifs d'accueil et d'accompagnement".

Pour affermir les premiers éléments de ce travail en cours, des chercheuses de Rennes 2 ont mené une enquête afin d'établir un diagnostic de l'existant mais surtout de connaître les attentes et les besoins des femmes concernées.

Les premiers résultats, présentés à Rennes 2 en novembre, font apparaître un besoin de « trouver un lieu accueillant et sécurisé » et des professionnel.les formé.es et à l'écoute.

 

 Pour Geneviève Letourneux, « les violences conjugales sont un fait de société qui nécessite une réponse collective ». Au nom de l'équipe municipale, l'élue en charge de l'égalité a donc insisté lors de la présentation de l'enquête du laboratoire LP3C sur l'envie de la ville de Rennes de se doter d'un « meilleur accueil qualitatif et quantitatif des femmes victimes de violences et de leurs enfants ». Parce que cette question concerne de nombreux partenaires et impacte toutes les sphères de la vie d'une femme, il a beaucoup été question durant ces échanges d'interdisciplinarité.

L'enquête réalisée par le laboratoire de psychologie cognition comportement et communication au sein de l'université Rennes 2 s'est appuyée sur les témoignages de plus de 300 femmes âgées de 17 à 84 ans, inscrites ou non dans des parcours de prise en charge. 95,2% disent avoir été victimes de violences sexistes, 8 sur 10 de violences sexuelles et 6 sur 10 de viols. Près de la moitié de l'échantillon révèle des violences conjugales.

Des chiffres qui correspondent aux statistiques nationales et soulignent l'étendue et la diversité des violences faites aux femmes.

Principal point d'intérêt de cette enquête, les besoins et les attentes de ces femmes vont être particulièrement scrutés. « La réponse que nous allons apportée doit être cohérente avec la réalité des besoins – commente Geneviève Letourneux – et cette enquête va permettre de consolider le cahier des charges. »

«  Chacun dans son coin, on ne va pas y arriver »

Les attentes évoquées par les femmes interrogées et pointées dans les conclusions de l'enquête rejoignent en tous points les constats des professionnelles invitées lors d'une table ronde suite à la présentation de cette enquête. Pour la Maison des Femmes de Saint-Denis qui sert en quelque sorte de "modèle" au projet rennais, le docteur Amélie Jouault, désormais en poste au CHU de Rennes, a pu illustrer l'enquête de ses propres expériences. Les violences conjugales, a t'elle rappelé, ont des conséquences sur toutes les composantes de la personne victime : santé physique mais aussi psychologique, estime de soi, poursuite d'un emploi ou d'une formation, enfants, indépendance économique... C'est bien dans tous ces domaines qu'il faut accompagner la personne qui doit « se reconstruire dans sa globalité » d'où l'importance de travailler en équipe interdisciplinaire. «  Chacun dans son coin, on ne va pas y arriver » a-t-elle résumé.

Tableronde24 11Professionnelle de l'accompagnement des victimes, notamment en gendarmerie où elle exerce actuellement, Charline Olivier, rattachée à l'ASFAD à Rennes, n'a pas dit autre chose, insistant de son côté sur l'importance pour les victimes d'être accompagnées par des personnels bien formés et bienveillants. « Le lien à l'autre est altéré par les violences, la confiance n'est plus là » a-t-elle détaillé illustrant parfaitement les résultats de l'enquête qui mettent en lumière un besoin d'écoute non jugeante, non stigmatisante, et un besoin de sécurité pour une prise en charge d'urgence mais aussi un accompagnement à long terme.

Les deux chercheuses Cinzia Guarnaccia et Marion Thorel ont choisi d'appuyer leurs conclusions sur des citations de femmes enquêtées qui vont dans le même sens. « J'ai besoin d'être crue » disent-elles, ou encore « il faut un lieu pour trouver refuge, où l'on sait qu'on peut entrer à tout moment » et où il sera possible de « lâcher prise, rêver, se reposer l'esprit », « un cocon pour pouvoir oser libérer la parole ».

Pour répondre au mieux à toutes ces attentes, il va certes falloir réunir des intervenant.es d'horizons divers mais aussi prévoir les modalités pratiques. « Je suis parfois mal à l'aise de parler de dispositifs auxquels je crois profondément mais qui coûtent énormément d'argent ou qui sont ultra saturés » témoigne ainsi Charline Olivier.

Geneviève ROY