« Avant le vote de la loi pour le droit de vote des femmes, il y en a eu des débats, et des forts ! Moi, j'étais déjà en politique, alors ça m'intéressait ! Les femmes étaient pour le droit de vote bien entendu. On en parlait pas beaucoup avec nos parents, mais on en parlait avec les amies, surtout avec les femmes parce qu'on défendait surtout les droits des femmes. Je sais que ma mère attendait de pouvoir voter. Elle était de gauche ; c'était une laïque !
J'ai été vendeuse de fleurs, puis ouvrière. J'ai travaillé à la SPLI où on fabriquait des corsets. Et je voulais que les femmes puissent réussir dans leurs métiers ! Les femmes se battent toujours pour des raisons normales et logiques ; elles se défendent d'une façon ou d'une autre !
Mon mari travaillait à la SNCF. Il s'intéressait moins à la politique que moi mais nous étions du même parti. Oh, il nous arrivait d'avoir des discussions assez ardues forcément !
A la retraite, je suis entrée dans l'équipe de Edmond Hervé et j'ai été élue conseillère municipale. J'ai tout le temps été avec lui, parce que c'était un homme qui avait des convictions et pour ses convictions, il savait convaincre !
C'est ça la politique, travailler pour ses idées et ses convictions. Encore maintenant, rien n'a changé. Il s'agit de combattre pour ses idées et de les garder quoiqu'il arrive.
Ce n'est pas n'importe qui qui peut être maire ! Je n'aurais pas voulu le faire parce qu'il faut se battre tout le temps ! Tout le temps ! Et c'est très difficile ! Il faut parfois savoir imposer ses idées !
C'est sûr, je suis une fille de gauche ! Ce qui est le plus important pour moi, c'est la justice sociale. Mais, je ne suis pas toute jeune, alors vous pensez que les idées elles commencent à s'en aller. »
Yvonne Rouault, 94 ans.