Adjointe au maire de Rennes, élue d'un quartier, Jocelyne Bougeard est aussi déléguée aux droits des femmes. C'est à ce titre qu'elle a rejoint début 2013 le Haut Conseil à l'Egalité. Enthousiasmée par le travail de cette instance nationale, elle déclare y être « la voix de [son] expérience de terrain » et n'entend pas délaisser pour autant ses engagements locaux.
Elle court beaucoup, Jocelyne Bougeard. Deux jours à Rabat la semaine précédente pour un sommet Europe/Maghreb, un aller-retour à Bayonne pour soutenir le conseil général dans la mise en place de sa politique d'égalité, des échanges permanents avec les pays européens au titre du Conseil des communes et régions d'Europe sans oublier les mariages qu'il faudra assurer le lendemain en mairie de Rennes et le dossier à compléter en vue d'une prochaine réunion avant le départ en week-end de l'assistante.
Malgré tout ça, Jocelyne Bougeard accepte encore régulièrement de prendre le train dès 7 heures du matin pour se rendre à Paris. Depuis neuf mois, elle fait partie du tout nouveau Haut Conseil à l'Egalité mis en place par le gouvernement et qui compte parmi ses membres deux autres bretonnes, la présidente, Danielle Bousquet, ancienne députée des Côtes d'Armor, et Gaëlle Abilly, adjointe au maire de Brest et vice-présidente du conseil régional.
Un travail enthousiasmant
Un emploi du temps chargé donc, pour l'adjointe au maire de Rennes, déléguée au temps de la ville, aux droits des femmes et depuis le départ de quelques collègues pour l'Assemblée nationale en juin 2012, à l'égalité des droits et à la lutte contre les discriminations. C'est pourtant un véritable entretien qu'elle souhaite nous accorder. « Je ne vais pas vous exposer en deux minutes ce qui m'occupe jour et nuit » sourit-elle. Et quand on aborde cette diversité d'engagements qui pourrait peut-être nuire au travail de terrain d'une élue locale, la réponse est sans appel.
« Je suis la voix de mon expérience de terrain ailleurs » dit Jocelyne Bougeard qui se réjouit que pour la première fois une instance nationale comme le Haut Conseil à l'Egalité fasse appel aux collectivités locales et à leurs élu-e-s. Elle y voit une belle reconnaissance du travail partagé à Rennes et dans des collectivités locales depuis de nombreuses années.
Les membres du Haut Conseil se sont mis au travail soit en réunions plénières, soit en commissions ou encore par des échanges réguliers. « J'ai toujours un texte de loi à examiner, à commenter, à amender – énumère Mme Bougeard – il y a beaucoup d'informations qui circulent, une interpellation permanente et une prise en considération de nos contributions. C'est très enthousiasmant que les collectivités soient enfin considérées ! J'ai la possibilité tout particulièrement au ministère de convaincre que les collectivités locales sont un niveau d'action et d'intervention très riches et ça, ça m'intéresse vraiment. J'ai une reconnaissance très forte pour le gouvernement qui a su se réengager sur la question d'un ministère des droits des femmes alors qu'il n'y en avait plus depuis 26 ans. »
Le mandat local d'abord
Rigoureuse et précise, Jocelyne Bougeard n'oublie pas de lister les différentes commissions mises en place par le Haut Conseil : stéréotypes et rôles sociaux, enjeux européens et internationaux, parité, violences de genre, droits sexuels et reproductifs. « J'ai choisi de m'engager sur la question de l'international et de l'Europe – dit-elle – parce que je suis convaincue que c'est une dimension qu'il faut travailler. Il y a une universalité des causes et des obligations d'action. Il suffit de considérer la situation des migrants – qui sont aujourd'hui en majorité des migrantes – pour se convaincre qu'il y a là un travail à faire et qu'on ne fait pas assez référence aux textes internationaux et aux conventions internationales. »
« C'est peut-être la commission pour laquelle j'avais le moins d'expérience » dit encore Jocelyne Bougeard pourtant forte de ses quatre ans et demi de présidence de la commission droits des femmes au sein du Conseil des communes et des régions d'Europe pour lequel elle reste très engagée en France. Une présidence qui l'a notamment amenée à contribuer à la rédaction de la charte européenne pour l'égalité entre les femmes et les hommes dans les collectivités locales, texte signé aujourd'hui par 1500 collectivités en Europe et 160 en France.
« Je ne crois pas que mon travail local manque de ce que je fais ailleurs au contraire. La charge d'élu-e est passionnante mais elle est aussi éprouvante, je crois qu'on peut le dire, et souvent c'est à l'extérieur, dans le regard que d'autres portent sur ce qu'on a fait, qu'on trouve des ressources et de l'énergie. C'est très exigeant pour ma vie personnelle – dit encore celle qui est justement chargée du bureaux des temps – mais j'organise ma vie, j'évite les déplacements en semaine par exemple, car mon premier mandat reste celui de la ville de Rennes. »
Geneviève ROY