Guillaume Hubert a épousé la cause du féminisme. Depuis deux mois, il travaille à Paris pour le site 50/50.
Pour le jeune Breton, tout frais diplômé de l'école Sciences Po de Rennes-promotion Pierre Desproges, c'est la confirmation d'un engagement en faveur de l'égalité des femmes et des hommes, déjà entamé lors de ses études.
Mais c'est aussi la découverte d'un métier qui va lui permettre d'écrire sur des questions qu'il veut mettre en avant ; en particulier sur l'importance de l'éducation pour parvenir à l'égalité.
C'est un peu le hasard qui a conduit Guillaume Hubert vers le féminisme. Mais, on le sait, le hasard se nourrit toujours d'autre chose. Pour ce garçon de « 24 ans et dix mois » cette autre chose pourrait être sa région natale : la Bretagne. Dans cette région depuis longtemps acquise à la défense de l'égalité femmes/hommes, la maman de Guillaume travaille auprès de Danielle Bousquet, alors députée des Côtes-d'Armor et aujourd'hui présidente du Haut Conseil à l'Egalité.
« J'ai quand même une maman féministe, c'est important de le préciser » s'amuse Guillaume qui reconnaît un parcours « assez classique pour un homme » citant au passage l'influence d'une amie « qui [l'] a bien "féministé", aussi ! » Un intérêt qui s'est donc construit dans sa vie personnelle, mais qu'aujourd'hui Guillaume a choisi de « transformer en engagement professionnel » et ça, dit-il « c'est cool ! »
Une découverte : le journalisme
Etudiant à l'IEP de Rennes, Guillaume commence son parcours par la sociologie politique. La politique, c'est ce qui intéresse ce jeune homme qui entre autres s'y exerce par procuration auprès d'un ami élu pour qui il rédige des discours. En troisième année d'études, son stage à l'étranger l'emmène aux Pays-Bas où il suit des cours d'études de genre. C'est le déclic ; à partir de sa quatrième année, il s'oriente vers la sociologie du genre. Et Guillaume en profite pour souligner que l'IEP de Rennes a été le premier à mettre le genre dans ses programmes, bien avant Sciences Po Paris !
Son Master 2, Guillaume le fait sur « les hommes engagés dans les politiques publiques d'égalité » et en particulier ceux du Haut Conseil à l'Egalité où il fait son stage pratique. Une expérience qu'il résume ainsi : « un mémoire de 146 pages et quelques contacts dans le milieu de l'action publique féministe à Paris. »
L'étape suivante pour le jeune Breton, c'est le service civique de huit mois décroché à 50/50, le magazine web de l'égalité. « J'avais un véritable intérêt pour le projet – se souvient-il – le fait de vouloir faire peser les idées d'égalité, de mener une forme de guerre culturelle contre l'idéologie de la complémentarité, ça m'intéressait. »
Et puis, surtout, il veut « écrire ». Et celui qui se destinait plutôt à la recherche, découvre en travaillant pour 50/50 une passion réelle pour le métier de journaliste. « La recherche est finalement un métier trop solitaire pour moi – analyse-t-il aujourd'hui – Je préfère écrire des papiers à valeur pédagogique en essayant de réconcilier la sociologie et le journalisme. » En octobre, à l'issue du service civique, il envisage un contrat de professionnalisation en journalisme. Il ne lui reste plus qu'à trouver un média pour concrétiser son projet, de préférence un média féministe et si possible...en Bretagne !
La nécessité d'une politique transversale
Pour Guillaume le féminisme « c'est une question de courage politique, pas de moyens ! » « Il faut absolument tout reconnecter aux questions des droits des femmes -dit-il encore- ce n'est pas une question sociétale, mais bien une question sociale, donc économique aussi ! C'est un moyen de changer la société profondément, dans tous les domaines. Le féminisme devrait être un axe transversal des politiques publiques comme l'écologie. »
Nourri de son séjour aux Pays-Bas, Guillaume milite pour l'égalité réelle : égalité salariale, mixité des métiers, égalité devant les services publics dont les femmes bénéficient actuellement davantage que les hommes, etc. Mais surtout pour que changent les mentalités. « L'école est un chantier majoritaire pour moi – dit-il – c'est dans la socialisation primaire et secondaire que se jouent la plupart des représentations qui forgent ensuite nos attitudes d'hommes et de femmes. Même si on peut toujours se corriger, ça demande un gros travail de réflexion pour arriver ensuite à changer les pratiques. »
De plus en plus une affaire d'hommes
Fort de ses nombreux entretiens avec des hommes membres du HCEhf, Guillaume se réjouit de la place de plus en plus importante que prennent les hommes en France dans la défense de l'égalité. « J'ai l'impression qu'on est à une sorte de tournant – dit-il – le discours sur l'implication des hommes est en train de monter. On le voit même au niveau mondial avec le programme de l'ONU « he for she ». On s'est rendu compte qu'il y avait un véritable impact pour les hommes dans leur vie personnelle et professionnelle. Forcément quand la moitié de la société doit changer sa manière d'exercer le pouvoir et accepter d'en perdre une partie, ça lui demande de se poser des questions ! »
Guillaume regrette la disparition du ministère des Droits des Femmes et son rattachement au ministère de la Santé et des Affaires Sociales. Malgré ce mauvais signal envoyé par les politiques, le jeune homme reste confiant. « Si je me suis mis de ce côté-là, c'est parce que forcément, ça ne peut qu'aller mieux ! » plaisante-t-il.
Bien décidé à poursuivre cet engagement, le jeune homme n'envisage plus son avenir détaché du féminisme. Sur le plan professionnel, bien sûr, mais aussi peut-être vers d'autres horizons. S'il ne milite nulle part pour l'instant, il s'amuse à s'imaginer attaché de presse de Zéromacho. Mais lucide, il conclut « pour l'instant je me forme au métier de journaliste ; ça ne fait que deux mois que je suis dedans ! »
Geneviève ROY