L'idée s'est fait jour en 2020 en pleine crise covid. La solidarité qui s'était manifestée pour la confection des masques de protection contre le virus pouvait sûrement se transformer au profit d'une autre cause.
C'est en tout cas ce qu'ont pensé deux amies parisiennes désireuses de lutter contre la précarité menstruelle.
Soie Rouge était née. Désormais, une antenne de l'association se développe aussi à Rennes.
L'objectif de l'association est double : permettre aux femmes précaires d'accéder gratuitement à des protections périodiques ; lutter contre le tabou des règles. Pas étonnant que les deux créatrices se soient rencontrées dans un collectif féministe.
Hélène Le Coz est Rennaise ; elle est bénévole et trésorière de Soie Rouge. Elle connaît personnellement l'une des deux co-fondatrices de l'association et s'est assez naturellement rapprochée d'elles pour mettre au service de la cause ses talents de couturière.
Car ce sont d'abord des couturières qui se sont mobilisées pour confectionner des kits de serviettes lavables. A distance dans un premier temps, covid oblige, puis en ateliers solidaires par petits groupes. Pas besoin d'être des couturières chevronnées, rassure Hélène Le Coz qui cherche des bénévoles en Ille-et-Vilaine. Le travail se faisant en plusieurs étapes, sont aussi bienvenues les petites mains qui voudraient assurer la découpe des tissus, le tracé ou encore la logistique.
L'association a notamment besoin de récupérer des tissus car l'idée est aussi de valoriser le réemploi : des vieux draps de coton par exemple pour la couche de tissu doux au contact avec la peau ainsi que des serviettes de toilette usagées nécessaires pour assurer l'absorption. Les recycleries et les sites de troc sont une véritable source pour les bénévoles qui peuvent aussi organiser des collectes dans leurs lieux de vie.
Chaque protection est constituée de trois tissus différents, explique Hélène Le Coz. Seule la partie un peu imperméable ne peut être récupérée ; l'association dispose de quelques revenus (adhésions ou dons) et de subventions publiques pour ces achats.
« Nos serviettes sont lavables
donc on réduit les déchets
et nous n'utilisons que des produits sains pour le corps »
Si les couturières peuvent œuvrer chez elles, elles aiment aussi régulièrement se retrouver pour travailler ensemble. Des ateliers de bénévoles s'organisent soit pour alimenter le stock de kits mis à disposition ensuite par l'association soit pour que chacune puisse venir confectionner ses propres protections. Au cours de ces rencontres, on fabrique des serviettes mais on peut aussi échanger sur les règles. Soie Rouge en a fait un objectif : « faire tomber les tabous et permettre un choix éclairé de protections ».
En effet, les valeurs affichées mettent en avant l'aspect environnemental et sanitaire. « Nos serviettes sont lavables donc on réduit les déchets – défend Hélène Le Coz – et nous n'utilisons que des produits sains pour le corps ». Une limite tout de même, ces serviettes sont insuffisantes pour les pratiques sportives. Désormais, l'association voudrait aussi développer la confection de culottes menstruelles plus adaptées ; lors des ateliers réalisés avec et pour les bénéficiaires, on peut apporter sa culotte que l'on transformera en y ajoutant les trois couches de tissus utilisés pour les serviettes.
A Rennes, à l'occasion de la rentrée universitaire, Soie Rouge a livré une centaine de kits à l'Epicerie Gratuite de Rennes 2. Chaque kit est constitué de huit serviettes, d'une pochette pour les ranger et d'une autre plus petite pour transporter facilement une protection avec soi. L'association ne distribue pas elle-même les kits mais passe par d'autres organismes (centres sociaux, associations de quartiers, lieux de solidarité) qui sont en lien directement avec des bénéficiaires.
Avec un kit, estime Hélène Le Coz, une femme peut être tranquille plusieurs années. Plus besoin de se soucier d'acheter des serviettes et peut-être de les avoir oubliées le jour où on en a besoin ! Question économie ce serait plusieurs centaines d'euros en moins dans le budget d'une femme.
Depuis le printemps, l'antenne de Rennes se développe tout doucement. Hélène Le Coz aimerait désormais lui donner un peu plus de visibilité. « On cherche des bénévoles et du tissu » résume-t-elle. Elle souhaiterait aussi trouver quelques lieux pour organiser des ateliers. Etre présentes dans l'espace public ou à l'occasion de certains événements, villages associatifs ou autre, serait aussi intéressant pour que davantage de femmes découvrent qu'elles ont la possibilité de réduire leurs dépenses tout en préservant l'environnement et leur santé une fois par mois.
Geneviève ROY
Pour en savoir plus : consulter le site de l'association