Expatriée en Afrique pour raisons professionnelles, Aurélie Fontaine a préparé à distance le diplôme interuniversitaire d'études de genre de Rennes 2.
De retour dans notre région, elle décide de mettre à profit son congé parental pour allier cette formation et son intérêt pour le féminisme avec son métier de journaliste et sa passion pour la radio.
En septembre dernier, elle lance Breton.nes et Féministes, « le podcast qui explore les féminismes en Bretagne ».
C'est du côté de Morlaix que Aurélie Fontaine pose ses valises en famille après une longue absence dont dix ans de journalisme radio au Sénégal. Avec l'envie de « redécouvrir le territoire » et notamment ce qui s'y vit en termes de militantisme, elle se lance, seule, dans l'aventure du podcast. « C'est – dit-elle – ma façon à moi de m'engager dans le mouvement féministe. » Breton.nes et Féministes est né.
« La radio est mon média préféré – explique-t-elle avec enthousiasme – j'adore écouter les gens. Je suis moi-même une grosse consommatrice de podcasts ; c'est un moyen de s'informer sur plein de choses qui ne sont pas suffisamment traités en profondeur dans les médias traditionnels. » Et puis, reconnaît-elle aussi, c'est un format souple qui lui permet de travailler seule, elle qui dit adorer « faire du montage ».
Le podcast, pour avoir la place de s'exprimer
Pour la jeune femme, le podcast présente de nombreux avantages : « il peut s'écouter en voiture, en train, en faisant le ménage ou en cuisinant ; on peut l'arrêter puis le reprendre... » Un confort d'écoute auquel s'ajoute la possibilité d'aller au fond des sujets. « L'image, les vidéos, on en mange toute la journée » dit encore celle qui semble fuir les chaînes d'info en continu adeptes de l'immédiateté. Depuis plusieurs mois déjà, elle prend son temps, celui d'écouter les gens et celui de préparer des sons de dix à quarante minutes en fonction du sujet.
Depuis qu'elle est devenue sa « propre rédactrice en chef » Aurélie Fontaine apprécie de n'avoir aucune limite et quand on lui dit que ce n'est pas assez long, elle n'hésite pas à faire plus long la fois suivante. « Le podcast – dit-elle – est quand même fait exprès pour qu'on ait la place de s'exprimer ! »
Tous les quinze jours, elle explore un nouveau sujet. Le dernier épisode, en ligne depuis quelques jours, donne la parole à Fatima Ouassak, co-présidente du premier syndicat français de parents, et Priscilla Zamord, élue écologiste rennaise qui favorise l'arrivée de ce syndicat à Rennes. Depuis l'automne Aurélie Fontaine a sillonné la Bretagne pour aller à la rencontre d'actrices et d'acteurs engagé-es dans différents domaines : culture, contraception masculine, avortement, cyber féminisme, tabous autour du corps... tous les épisodes sont accessibles sur les différentes plate-formes de podcasts.
Décentraliser la parole féministe
Le podcast Breton.nes et Féministes est essentiellement écouté par des femmes et selon les épisodes la tranche d'âge peut varier de seize à cinquante-cinq ans. Quant au choix des invité-es et des sujets, Aurélie Fontaine l'avoue, il dépend surtout de ses « intérêts personnels », des personnes dont on lui parle, de ce qu'elle découvre sur les réseaux sociaux ou au gré de ses recherches en ligne. Avec toujours l'envie « d'explorer les féminismes mais aussi de décentraliser la parole ».
Trop souvent, estime-t-elle, le mouvement féministe est porté par des paroles parisiennes ; « c'est important – dit-elle – de faire entendre des voix qu'on n'entend pas et de montrer des actions dont on n'entend jamais parler parce que tout n'est pas centralisé à Paris ! »
En guise de générique, chaque épisode est précédé du chant des Penn Sardin interprété par la chorale MEUFs qu'Aurélie Fontaine a découvert par hasard sur Internet. « C'est la première grève de femmes en France ; elles sont Bretonnes » explique sobrement Aurélie Fontaine pour qui elles symbolisent toutes les femmes de Bretagne. Toutes celles que la journaliste n'a pas encore découvertes.
Geneviève ROY
Pour aller plus loin : retrouver les 11 épisodes déjà en ligne du podcast Breton.nes et Féministes et suivre sur les réseaux sociaux (Facebook et Instagram) les prochains entretiens.