A l'occasion de la journée internationale des droits des femmes rurales le 15 octobre, et alors que le Gouvernement a annoncé l'organisation d'Assises de la Ruralité pour l'automne, le Haut Conseil à l'Egalité entre les femmes et les hommes lance la campagne participative #EGAliTER. Une question qui ne peut laisser indifférent en Bretagne, première région agricole de France.
La campagne du Haut Conseil est intitulée « les inégalités sont aussi dans le pré » et entend rendre visibles les inégalités femmes-hommes renforcées en milieu rural. Le HCE/fh souhaite inscrire l'objectif d'égalité femmes-hommes à l'ordre du jour des Assises de la Ruralité et du Comité interministériel à l'égalité des territoires annoncés par le gouvernement pour les prochaines semaines.
Ainsi, le HCE/fh souligne notamment les inégalités touchant la parentalité. Alors que 9 places d'accueil sont disponibles pour 100 enfants dans les zones rurales les moins développées, 80 places sont disponibles dans les territoires les mieux dotés de France, soit des chiffres moyens de 39 contre 50. En zone rurale, une femme doit actuellement faire un déplacement de 30 mn en moyenne pour atteindre la maternité la plus proche alors qu'ailleurs en France, 17 mn suffisent.
Côté vie professionnelle, les inégalités sont aussi bien ancrées. Le temps partiel concerne 4 femmes sur 10 en zones rurales contre 3 femmes sur 10 pour le reste du territoire mais seulement 1 homme sur 10 quelle que soit la région de France, territoires ruraux et urbains confondus.
Enfin, autre chiffre mis en avant par le Haut Conseil, celui du chômage des jeunes. Parmi les moins de 25 ans sans emploi, 6 chômeurs sur 10 sont des chômeuses en territoire rural contre 5 sur 10 en moyenne nationale. Une situation et des chiffres que le HCE/fh rapproche des ceux des territoires les moins favorisés en zones urbaines que sont les quartiers dits sensibles.
Les femmes, actrices du développement
« Le développement durable des territoires ruraux - souligne le Haut Conseil - ne pourra se faire sans les femmes et sans combattre les inégalités qui pèsent aujourd'hui en priorité sur elles. » Dans les 44 préconisations que le HCE/fh joint à son rapport rendu au ministère du droit des femmes en juin dernier, il souligne que « si les inégalités entre les sexes se retrouvent aux quatre coins de la France et dans tous les milieux sociaux, elles sont toutefois particulières dans les territoires fragilisés, souvent par leur intensité, parfois par leurs spécificités. »
Trois raisons sont évoquées : une concentration de la pauvreté ; une répartition traditionnelle renforcée des rôles sociaux entre les femmes et les hommes ; un moindre accès aux droits et aux services publics.
Enfin, le Haut Conseil relève trois leviers qui pourraient être activés pour une meilleure prise en compte de ces inégalités dans les territoires : « Les politiques publiques et services publics doivent mieux intégrer l'objectif d'égalité femmes-hommes. Les acteurs et actrices de l'égalité doivent continuer à être soutenus, y compris dans un contexte budgétaire contraint, en particulier pour agir dans les territoires fragilisés. Les femmes de ces territoires doivent avoir une parole mieux entendue, et voir leur pouvoir d'agir, de créer et d'innover mieux soutenu » peut-on lire dans le rapport.
Geneviève ROY
Pour aller plus loin :
On peut suivre la campagne EGAliTER sur le site du Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes et consulter le rapport sur les inégalités territoriales
