Elle s'appelait Angèle et écrivait de la poésie. D'autres s'appelaient Brigitte ou Marie-France et luttaient pour obtenir la légalisation de la contraception, leur reconnaissance en tant que femmes racisées ou de meilleures conditions de travail.
C'était la France des années 1970 et les femmes se mettaient debout.
Des parcours exposés aux archives départementales d'Ille et Vilaine qui ont choisi cette année de s'intéresser particulièrement à l'histoire des femmes, de leurs droits, de la conquête de ces droits et de leurs combats pour les faire reconnaître.
C'est un fil rouge en 2025, les archives départementales d'Ille-et-Vilaine ont décidé de faire « entendre les voix des femmes ». A l'automne une exposition y sera consacrée à l'histoire des droits des femmes ; en ce mois de mars, ce sont Angèle, Brigitte, Marie-France et les autres qui prennent la parole.
En lien avec le spectacle en cours de création de la compagnie 13/10ème en ut, Debout, l'exposition dévoile des archives concernant les luttes féminines de ces années 70 où les femmes sont entrées en militantisme sur tous les fronts. A l'occasion du vernissage, Frédérique Mingant, metteuse en scène à l'origine du spectacle, s'est réjouie de ce mélange des genres.
L'exposition est pour elle comme « un dialogue entre les textes qui existent et les archives qui ont permis aux autrices de les écrire, tous fictionnels mais tous basés sur l'histoire des années 70 ! » C'était l'idée de départ du spectacle et c'est aussi celle de l'exposition : montrer le bouillonnement des luttes de l'après mai 68, période où le militantisme des femmes « a jailli dans tous les sens ! »
Il y a eu celles qui se battaient pour obtenir le droit d'avorter, celles qui défendaient leur droit au travail chez Lip ou ailleurs, notamment à l'usine SPLI de Rennes, celles qui entendaient faire respecter leur droit à la différence - femmes noires, femmes lesbiennes - et celles qui dénonçaient le viol et autres violences sexistes et sexuelles. Et puis, il y a eu Angèle.
Ecouter la voix captivante d'Angèle Vannier
Dans la deuxième partie de l'exposition, avec « Je n'ai jamais vu plus beau visage que sa voix » c'est une poétesse et femme de radio locale, au talent reconnu au-delà des frontières de la Bretagne dans les années 1960/1970, que le collectif Micro-sillons propose de rencontrer : Angèle Vannier.
Jeanne l'Hériver et Anne Kropotkine ont rassemblé les archives de l'artiste bretillienne, décédée en 1980. Devenue aveugle à l'âge de 21 ans, la poétesse n'écrivait pas ses textes mais les dictait sur des cassettes audios dont une centaine ont pu être collectées chez ses proches. Elles permettent d'aller à la découverte de cette artiste injustement oubliée à travers sa voix qualifiée de « singulière mais captivante ».
Outre l'exposition qui rassemble des sons mais aussi des photos, des articles de presse, des agendas, etc. l'histoire d'Angèle Vannier vue par Micro-sillons c'est aussi un documentaire sonore diffusé sur France Culture et de nombreux ateliers organisés notamment dans des collèges du territoire des Marches de Bretagne. Une occasion pour les plus jeunes de découvrir des textes poétiques qui dit-on ne les ont pas laissés insensibles, et surtout de s'interroger sur le matrimoine breton à travers une de ces figures emblématiques.
Geneviève ROY
Exposition Angèle, Brigitte, Marie-France et les autres à voir aux archives départementales, rue Jacques Léonard (quartier Beauregard) à Rennes jusqu'au 31 mai