Cette année, pour l'association Comptoir du Doc, le mois de mars est l'occasion de célébrer les vingt ans de la programmation jusqu'à présent intitulée Docs au Féminin. C'est aussi le moment de changer de nom pour s'adapter au monde d'aujourd'hui et devenir le festival Ré-elles, plus inclusif.
Quatre lieux accueilleront du 4 au 12 mars les films soigneusement sélectionnés pour rejoindre le thème de Rennes Métropole In.di.visibles. De nouveaux partenariats qui permettent de multiplier les projections mais aussi d'élargir le public.

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Trois questions à Natalia Gomez Carvajal, responsable de la programmation

 

En 2023, Docs au Féminin devient le festival Ré-elles ; pourquoi ce changement de nom ?

Natalia Gomez Carvajal - Ça faisait deux ans que nous réfléchissions à une nouvelle identité. Docs au Féminin nous a accompagné pendant vingt ans mais les luttes féministes ont beaucoup évolué durant toutes ces années et nous voulions nous inscrire dans cette diversité du combat pour les droits des femmes. L'expression « au féminin » évoque une manière féminine de faire le cinéma  ; aujourd'hui, nous ne souhaitons pas reproduire tous les stéréotypes qui sont véhiculés sur ce qu'est le féminin. Dire « elles » nous permet de parler de toutes les « elles » qui se battent au quotidien pour l'égalité. Notre programmation accueillait déjà ces minorités de genre qui se retrouvent dans les luttes féministes ; c'est juste le nom qui ne s'accordait plus à la réflexion du moment.
Par ailleurs, quand on parle des droits des femmes on parle d'engagements. Certains cinéastes sont très engagé.e.s dans la cause LGBTI+ et veulent aussi voir représentées des personnes non binaires. Ce sont des problématiques que nous trouvons importantes d'accueillir dans la programmation pourtant notre appellation pouvaient parfois décourager ces cinéastes voire même un certain public.

 

Quelques autres nouveautés à l'occasion de cet anniversaire ; qu'est-ce que ça change de diversifier les lieux de projections ?

Natalia Gomez Carvajal - Pour nos vingt ans, nous explorons de nouveaux partenariats. Pendant très longtemps nous avons proposé toutes nos projections aux Champs Libres, notre partenaire historique. Sans leur soutien ou celui de la ville de Rennes, le festival ne serait pas possible. Mais nous explorons aussi d'autres lieux qui correspondent à nos objectifs. Nous avons cette année trois projections hors les murs : au FRAC Bretagne, à la Part des Anges et à Transcanal. Nous voulions fêter ces vingt ans en partageant notre goût du documentaire avec le plus de lieux et le plus de publics possibles. Nous avons un public déjà acquis, celui des Champs Libres qui est fidèle et que nous aimons beaucoup parce qu'il est très actif pendant les séances. Nos nouveaux partenariats nous permettent de commencer à toucher un public plus militant mais aussi plus jeune. Nous présentons aussi cette année une exposition au Muséocube : L'île aux Femmes en partenariat avec HF Bretagne pour donner une visibilité au matrimoine breton.

 

Qu'est-ce que le cinéma documentaire peut apporter aux luttes féministes ? Quel est son rôle ?

Natalia Gomez Carvajal - Il faut d'abord rappeler que les femmes sont très nombreuses dans le cinéma documentaire où elles représentent la majorité des cinéastes. Elles sont souvent moins visibles que les hommes mais elles sont là et une partie de notre travail est justement dédiée à la diffusion de ce cinéma-là. Nous sommes une plate-forme pour les rendre plus visibles. Je pense aussi que la vertu du cinéma documentaire est de permettre au public d'être en lien avec des personnes qu'il n'aurait pas rencontrées autrement, avec des réalités qui lui semblent lointaines... ça permet de voir, de reconnaître, d'être en empathie avec des problématiques comme cette année par exemple les violences faites aux femmes ou la question des femmes trans mais aussi tout simplement la maternité avec ses angoisses et ses joies. Enfin, toutes les séances que nous proposons sont gratuites et pour nous, l'engagement politique c'est aussi cette ouverture, cette démocratisation du débat.

Propos recueillis par Geneviève ROY

 

La programmation du festival Ré-elles se déroulera du 4 au 12 mars

Samedi 4 mars Ultraviolette et le gang des cracheuses de sang de Robin Hunzinger au Frac Bretagne à 16h

Vendredi 10 mars Cause of the death de Jyoti Mistri au Transcanal à 19h

Samedi 11 mars Jungle de Louise Mootz à la Part des Anges à 19h 30

Et à l'auditorium des Champs Libres
Samedi 11 mars
à 14h30 Chaylla de Clara Tepper et Paul Pirritano en présence de Clara Tepper co-réalisatrice
à 16h30 Sunless Shadows de Mehrdad Oskouei en présence du réalisateur
Dimanche 12 mars
à 14h30 Olmo et la Mouette de Petra Costa et Léa Glob en présence de Olivia Orsini héroïne du documentaire
à 17h Nos corps sont vos champs de bataille d'Isabelle Solas en présence de Anna Riche, monteuse du film

L'exposition L'Ile aux Femmes, installation sonore sera visible au Muséocube des Champs Libres du 10 au 12 mars de 14h à 19h