Samedi 4 juin, les rues de Rennes seront comme chaque année le lieu d'une marche qui se veut militante et festive : la Marche des Fiertés LGBTI non seulement d'Ille-et-Vilaine, mais de toute la Bretagne et de la petite voisine, la Mayenne.
« Debout face aux discriminations ; nos vies sont en état d'urgence ». Avec ce slogan, les organisateurs-trices souhaitent « rappeler la primauté des droits humains sur toute autre considération : sécuritaires, économiques, politiques ou confessionnelles » ainsi que « la nécessité de protéger les réfugié·e·s LGBTI ».
Par ailleurs, l'accent est mis cette année sur les multiples discriminations subies par les personnes transgenres et notamment celles liées au changement d'état civil.
A l'occasion de la Fête Anticapitaliste à Rennes, la semaine dernière, une membre du CGLBTI résumait ainsi la situation : « les femmes transgenres subissent un taux d'agressions sexuelles, de viols et de meurtres qui est sans commune mesure dans aucune communauté au monde ; elles sont aussi particulièrement sujettes à la prostitution... Chercher un travail en présentant un numéro de sécurité sociale qui commence par un 1 alors qu'on s'est présenté en femme, c'est juste impossible ! On se fait renvoyer en se faisant traiter de "sale travelo" »
Quant aux hommes transgenres, dans le meilleur des cas « ils sont invisibles » et au pire « on les traite avec mépris » estimant qu'il s'agit de « bonnes femmes qui veulent profiter d'un privilège masculin, se faire passer pour des hommes dans la société pour jouir de l'avantage de classe qui est celui d'être homme, des dominées qui se veulent dominants ! »
Autrement dit, bénéficier d'un changement d'état civil serait pour les unes comme pour les autres une façon de diminuer ce risque de discrimination. Et notamment au moment d'accomplir son devoir électoral.
« Arriver dans son bureau de vote de quartier avec une carte d'identité qui ne correspond pas à ce que les voisins voient et ont toujours vu au quotidien, c'est s'exposer à de très graves violences tout au long de l'année – explique la militante - Et la procuration ce n'est pas une solution. Déjà, ça se fait en gendarmerie qui n'est pas le milieu le plus accueillant du monde pour une personne en dehors de la norme, mais même au-delà de ces considérations, je n'ose pas imaginer le tollé que ça ferait si on disait que demain les femmes n'auront le droit de vote que par procuration de leurs maris ! De toute façon imposer à une minorité le vote par procuration c'est juste pas possible ! »
Les politiques devraient y penser !
En début de semaine, après d'âpres négociations avec la municipalité et la préfecture, le CGLBTI a dû accepter de changer d'itinéraire. Si le cortège empruntera bien les « rues du centre-ville », il évitera soigneusement celles du « centre-ville historique ». Une subtilité qui ne plaît guère aux Verts depuis toujours soutiens affichés de cette Marche.
Dans un communiqué, EELV regrette cette « décision inadaptée ». « Nous ne pouvons accepter que le centre ville de Rennes soit réduit à sa seule fonction de "premier centre commercial de Bretagne" » déclare encore le Parti écologiste qui estime que ce type d'engagement doit « être soutenu et non empêché » par les autorités locales.
Quoiqu'il en soit, la Marche aura bien lieu samedi et partira à 14h de l'Esplanade Charles de Gaulle où se tiendra le village associatif de 12h à 19h. Pour le parcours, il partira par le boulevard de la Liberté pour rejoindre par la Place de Bretagne la République et revenir sur l'Esplanade !
Geneviève ROY