« Les voir s'épanouir dans leur nouvelle vie est la plus belle des récompenses »
Sur l'écran, il témoigne avec un calme glaçant de ce jour où son père a fouillé dans son téléphone à la recherche de messages privés : « je me suis retrouvé avec un fusil chargé braqué sur la tête et il m'a dit : y'a pas de pédés dans la famille, dégage ! »
Pour fêter ses quinze ans, le Refuge a regroupé dans un film réalisé par Pascal Petit quelques témoignages de jeunes, filles et garçons, qui au fil du temps ont été accueilli-e-s et accompagné-e-s par l'association.
Le 17 mai, à l'occasion de la Journée Internationale de lutte contre les LGBTIphobies, l'antenne de Rennes proposait un temps d'échanges avec les bénévoles qui depuis trois ans s'investissent localement. Un moment pour prendre conscience des réalités souvent dures de ces jeunes homosexuel-le-s mais aussi du travail accompli. « Le Refuge pour moi, ce sont des bras dans lesquels se réfugier » peut-on encore entendre dans le court métrage diffusé ce soir-là.
Des bénévoles bienveillants, tolérants et non jugeants
Ce qui réjouit Anne-Joëlle Chauvin, la déléguée d'Ille-et-Vilaine, ce sont les « parcours de résilience des jeunes bénéficiaires ». Dans 18 départements de France métropolitaine et d'outre-mer, 94 places d'hébergement temporaires sont proposées, mais ce sont beaucoup plus de jeunes qui sont accueilli-e-s et écouté-e-s tout au long de l'année. La plupart du temps, c'est grâce à la ligne d'urgence ouverte 24 heures sur 24 et sept jours sur sept, que les jeunes font appel au Refuge. Parfois, ils/elles y viennent grâce à une connaissance qui leur parle de l'association.
« Nous attachons beaucoup d'importance au recrutement des bénévoles » souligne encore Anne-Joëlle Chauvin qui évoque un accompagnement régulier nécessaire pour établir un lien de confiance et rappelle que chaque rencontre doit se faire dans « un climat de bienveillance, de tolérance et de non jugement ».
A Rennes, ils et elles sont une quinzaine de bénévoles, dont une psychologue ; grâce au suivi social et psychologique, mais aussi aux soirées conviviales, aux sorties au cinéma ou à la patinoire, les jeunes « se réconcilient avec eux-mêmes » et peuvent « envisager un avenir plus serein ».
La ville de Rennes vient de mettre à la disposition du Refuge une maison entièrement rénovée qui permet d'héberger trois ou quatre personnes. Sa déléguée départementale reconnaît que c'est « une chance » ; sa préoccupation maintenant est de trouver un local qui permettent de recevoir, « en toute confidentialité » tou-te-s les jeunes en souffrance ou en questionnement.
« Nous souhaitons leur transmettre la capacité de croire que le meilleur est devant eux – dit encore Anne-Joëlle Chauvin – Les voir s'épanouir dans leur nouvelle vie est pour nous la plus belle des récompenses ! »
Geneviève ROY
Ligne d'urgence : 06 31 59 69 50