Paritito... Qu'est-ce qui se cache derrière ce drôle de nom ? « Ça ne se cache pas longtemps – sourit Mélanie Giotto (à droite sur la photo) - c'est un proverbe breton qui veut dire : va au bout de tes projets ! » Une belle devise que la jeune femme et ses amies, Mai Lincoln et Anael Guyomarc'h, ont parfaitement compris.
La Compagnie Paritito qu'elles ont fondée l'année dernière dans le Finistère regroupe trois troupes théâtrales. « Un théâtre du réel, de la vie comme on la vit » annonce le site.
Une troupe est en ce moment sur scène avec le spectacle « Quand les murs tombent » et une autre prépare une pièce dont la création aura lieu en juillet prochain.
En attendant, c'est pour une résidence un peu particulière que Paritito s'installe quelques jours à Morlaix. Lecture publique et théâtre-forum sont surtout prétexte à parler des femmes et aux femmes mais aussi à leur donner la parole sur des sujets qu'elles connaissent trop notamment celui de la violence.
Interview de Mélanie Giotto, auteure de la pièce « Privezioù Publik »
De quoi parle votre pièce ?
« Privezioù Publik » parle des espaces où l'on se retrouve entre femmes. La pièce se déroule dans les toilettes d'une galerie marchande, quelque part en Bretagne, et ce sont des échanges entre cinq femmes, ce qu'elles arrivent à se dire et ce qu'elles n'arrivent pas à se dire.
Vous avez écrit cette pièce à partir de témoignages ?
Il y a d'abord mon expérience parce que j'ai deux oreilles et que ça fait longtemps que je suis dans le milieu « femme » ; et puis j'ai fait vraiment un collectage ciblé, des entretiens qualitatifs très longs avec des personnes que j'ai choisies parce que je pensais qu'elles avaient des choses particulières à m'expliquer sur la façon dont elles vivent ces endroits où l'on est entre femmes. Avec des femmes hétéros et des femmes pas hétéros ! Ça croise beaucoup aussi les problématiques des violences sexuelles...
Diriez-vous que c'est une pièce militante ?
Tout à fait oui et tout à fait non ! C'est tout à fait politique puisque j'ai choisi des situations actuelles de femmes, je pense, sans trop de fard. Ceci dit ce n'est pas une pièce militante dans le sens où on pose beaucoup de questions mais qu'on n'apporte aucune réponse. Ce n'est pas une pièce qui présente une idéologie. On n'en a pas ou de façon personnelle mais la pièce, c'est vraiment une sorte d'état des lieux pour dire où en sont nos solidarités.
C'est aussi un spectacle destiné à faire réfléchir le public ?
C'est destiné aux femmes principalement même si on ne va pas filtrer à l'entrée ! C'est écrit et joué pour des femmes et pour des femmes dans leur diversité. Et notre but premier, c'est d'arriver à faire marrer ! Ce qui n'est pas mince quand on parle de violences sexuelles et de manque de solidarité, mais je pense qu'on a fait une pièce drôle !
Quelle est la place du breton dans vos créations qui se présentent comme des pièces bilingues ?
« Privezioù Publik » je l'ai écrit seule mais l'autre pièce, « Quand les murs tombent » est en co-écriture avec Béatrice Bazin. On écrit des personnages qui nous ressemblent et on vit dans des milieux complètement bilingues donc ça passe du breton au français de façon assez souple. En fait, nous, en tant que bilingues, il y a toute une palette de choses qu'on ne vit ni en breton ni en français mais dans le passage d'une langue à l'autre ; ça suit nos états émotionnels. On est dans une discussion en breton et on pense à quelque chose dont on a discuté avec d'autres gens en français, on va passer au français. Et comme on est tous bilingues vu qu'il y a pas de brittophones monolingues, c'est très fluide. On fait ça sur scène aussi mais tout est surtitré pour le public.
Qu'est-ce qui va se passer exactement à Morlaix ?
On a quelques jours de travail en résidence à la MJC de Morlaix du 7 au 10 mai où on travaille en amont la séance du théâtre-forum du 18 mai. Ce sera une séance classique de théâtre-forum ; on va commencer par la lecture de la pièce parce qu'elle met quand même bien l'ambiance et on va ouvrir à la fin une des scènes qu'on va rejouer en théâtre-forum. On travaille avec un groupe de femmes partenaires qui font partie du collectif Le Reuz et d'un groupe plus large de personnes qui souhaitent monter un planning familial à Morlaix. Elles vont intervenir dans le forum en jouant les partenaires actuelles qui existent à Morlaix : la personne qui fait l'accueil au commissariat, les personnes du CIDFF, etc. Pour pouvoir faire ce travail-là, ça fait plusieurs mois qu'elles font des séries d'interviews ; il y a un travail de fond qui est très intéressant. Je suis très impressionnée par leur engagement ! C'est très agréable de travailler comme ça !
Propos recueillis par Geneviève ROY
Pour aller plus loin :
A Morlaix, lecture publique et théâtre-forum le 18 mai à 19h à la MJC - soirée ouverte à toutes et tous – Prix libre
Création de la pièce le 4 juillet à Esquibien