Quand elle chante, Batia Setty le fait en arabe ou en hébreu, parfois en associant les deux langues dans un même morceau.
C'est parce que son parcours personnel et familial s'est construit autour de ces deux cultures que l'artiste a choisi de s'exprimer ainsi sur scène.
Derrière le titre de son spectacle, Shalam, on retrouve le salam arabe et le shalom hébreu. On retrouve surtout un message « vibrant d'amour et de paix ».
« Dans l'Histoire, il y a eu de très belles cohabitations entre les peuples juifs et musulmans » défend Batia Setty citant au passage le Maroc ou encore l'Irak dont elle rappelle la présence de juifs dès l'exil de Nabuchodonosor, 600 ans avant J.C. « Dans ces deux cultures – ajoute-t-elle – les rites, les traditions sont extrêmement proches et ce sont deux langues sémitiques qui ont énormément de ressemblances et de racines communes. »
C'est dans cet esprit de paix que la chanteuse a conçu son spectacle. Un spectacle acoustique intimiste pour lequel elle apprécie particulièrement les endroits chaleureux aux petites jauges voire les domiciles des particuliers chez qui elle peut également se produire.
« La beauté des choses est aussi dépendante
du regard qu'on porte sur elles ! »
Seule sur scène avec son accordéon et sa guitare, la jeune femme enchaine deux chansons en arabe, deux chansons en hébreu puis deux autres en arabe et en hébreu. Des chants traditionnels, populaires, mais aussi un morceau composé par sa grand-mère, le tout relié par un texte de sa propre composition en français. Un univers qu'elle veut « un peu poétique, calme où on se laisse emporter » avec quelques surprises aussi au niveau visuel : des photos, des objets, une lettre...
Batia y parle d'exil, de transmission, d'appartenance à un territoire, à une communauté. Elle qui appartient à plusieurs cultures et a souvent déménagé, a la volonté de « traiter ces thématiques de manière universelle ». « Enfant – dit-elle – j'ai côtoyé la langue hébraïque. Du côté de ma mère, ma famille est composée de juifs d'Allemagne ; du côté de mon père, ce sont des juifs d'Irak. J'ai vécu en région parisienne, à Montpellier et depuis 2015 en Bretagne. Auparavant, j'avais eu l'occasion de vivre deux ans au Maroc ». L'exil, finalement, concerne tout le monde, estime-t-elle.
Pourtant dans son spectacle, elle ne parle pas de ses origines ni de son parcours, laissant ainsi chacun.e revivre le récit de son propre exil ou « se laisser toucher aux endroits où ça fait écho ». Avec Shalam, elle veut « dépasser la perception intellectuelle pour toucher le mental, le sensible ».
Pour Batia, la musique et la poésie sont essentielles pour s'extraire des difficultés du monde. « A travers ma création – dit-elle – j'ai envie d'alléger un peu le propos, de rendre les choses plus agréables, avec l'espoir de voir des valeurs s'incarner. C'est ma manière d'apporter une touche d'amour et d'espoir, d'illuminer le regard de chacun.e. La beauté des choses est aussi dépendante du regard qu'on porte sur elles ! »
Geneviève ROY