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On s'était dit que ce serait une belle soirée de (presque) printemps. Qu'on serait nombreux-ses à la Maison Internationale de Rennes à l'invitation de l'association Déclic Femmes et de quelques partenaires*. Qu'on allait parler droits des femmes, bien sûr, puisque c'était la programmation du mois de mars de Rennes Métropole. Mais pas que... d'écologie, de capitalisme, de migration, aussi.

Et puis, nous voilà confiné-es pour une longue période sans doute. Plus de sortie, plus de spectacle, plus de programmation d'aucune sorte.

Quelques jours avant, Marion Pannetier nous avait donné envie, au téléphone, de découvrir ce "Cours Sans Sac" prometteur. Un spectacle qu'elle hésite à qualifier de « militant » et qui pourtant engage à faire la révolution.

 

Marion Pannetier vit à Montpellier où elle danse et enseigne son art. En 2012, elle y a créé une compagnie, Gai Tympan, dont l'objectif principal est de produire des spectacles jeune public. Mais quand elle interprète, dans la rue le plus souvent, sa dernière création "Cours Sans Sac" c'est à un public plus large qu'elle s'adresse.

Ce « déballage incantatoire poétique et révolté » mêle la danse et les mots, « le corps et le texte ». Marion est seule au milieu de ses sacs qu'elle vide « au sens propre comme au sens figuré » avant de reprendre sa/ses courses plus légère. Elle y dénonce tout ce qui la perturbe, déséquilibrée par le poids de ses sacs lourds du sexisme, du capitalisme, de la pollution, de l'esclavage moderne... Chaque thème, Marion l'a enfermé dans un sac de papier qu'elle remplit selon inspiration, des choix évolutifs en fonction de l'actualité. « C'est très imagé – dit-elle – un peu comme des métaphores. C'est un spectacle où on trouve tout ; il y a une telle abondance de choses qui ne vont pas que je n'ai pas réussi à choisir ».

« Un spectacle avec des rêves et des utopies dedans »

Si elle a beaucoup de questions sur ce monde qui l'entoure, Marion n'a pas vraiment de réponses. « Ma solution - dit-elle dans un rire – serait de descendre dans la rue et de faire la révolution ». Côté engagement, elle se revendique des Désobéissants qui luttent contre la publicité et notamment celle qui asservit le corps des femmes. « Je ne peux pas faire autrement que de dénoncer – dit-elle encore – je n'ai jamais créé sans dénoncer quelque chose. »

courssanssacPourtant, elle hésite à qualifier son spectacle de « militant ». « C'est aussi moi qui m'occupe de la diffusion – explique-t-elle en riant – et quand je le vends, des fois, j'hésite car j'ai envie qu'on me l'achète ! ». A Rennes, la semaine dernière, elle devait le jouer deux fois, le dimanche 15 à l'Elabo et le mercredi 18 à la MIR. Si en pleine crise sanitaire, ces dates ont été annulées, il nous reste Internet pour avoir une idée de son travail.

« C'est un spectacle avec des rêves et des utopies dedans » dit encore l'artiste qui à chaque représentation invite les spectateurs-trices à écrire aussi leurs propres rêves sur des petits papiers ou dans un cahier qu'elle collecte en fin de spectacle avant de partir « faire la révolution ».

« Au début – dit-elle – je conservais ces rêves et je m'en resservais lors des représentations suivantes. J'ai arrêté car je ne voulais pas donner des idées aux gens ; je préfère que ça vienne d'eux ! » Formulons le rêve de voir "Cours Sans Sac" le plus vite possible à Rennes ou ailleurs dès que nous pourrons à nouveau sortir de chez nous.

Geneviève ROY

Pour aller plus loin :
Découvrir un extrait du spectacle sur Youtube

* - le Mouvement de la Paix, 3 regards Léo Lagrange et la compagnie Ty Pestac

Photos Gai Tympan