Quel bonheur d'avoir un bébé ! De l'avis général, une naissance est toujours une bonne nouvelle. Pourtant, être parents, ça s'apprend. Et parfois dans la douleur.
Comme chaque année, le collectif Libernaitre Bretagne vient de proposer son salon Graines de Parents.
L'occasion de s'interroger sur la parentalité et de se donner les bons repères pour accompagner son jeune enfant. L'occasion aussi pour celles et ceux qu'une telle responsabilité angoisse de trouver des réponses à leurs questions auprès des associations et des professionnel-le-s présent-e-s samedi à la Maison Bleue à Rennes.
Des jeunes couples qui viennent d'être parents, d'autres qui se préparent à le devenir. Pour eux, les activités se sont succédé toute la journée de samedi. Ateliers et stands d'informations ou de ventes leur ont permis de faire leur réserve de couches lavables ou d'écharpes de portage mais aussi d'apprendre à masser bébé (ou la future maman), à pratiquer le yoga avec les nourrissons ou à communiquer avec eux par signes, ou encore de s'interroger sur le rôle d'une doula ou le choix d'un accouchement plus ou moins médicalisé, en maison de naissance ou à domicile.
Des mamans qui ont peur de ne pas être à la hauteur
Loin de tout angélisme, les vraies questions ont aussi été abordées lors de cette 6ème édition de Graines de Parents. Car l'arrivée d'un enfant peut parfois être déstabilisante. Ingrid et ses amies le savent bien. Elles animent l'association Mamans Blues 35, créée en Ille-et-Vilaine en 2008 pour accompagner les dépressions post-partum ou autre sentiment d'incapacité qui viennent parfois assombrir les premiers mois de la relation mère/enfant. De façon générale, on parlera de difficultés maternelles. « On a choisi ce nom-là parce qu'il n'est pas médical – expliquent les bénévoles de l'association - et qu'il regroupe toutes les formes de mal-être qui peuvent survenir le plus souvent chez la maman, mais parfois aussi chez le nouveau papa, après la naissance, avec quelquefois un véritable rejet de l'enfant mais aussi souvent beaucoup d'amour. »
Sur l'écran, Carolyne exprime sa détresse à se sentir « une mauvaise mère » et avoue : « il m'a fallu quinze mois pour arriver à rire avec mon fils et avoir vraiment l'impression de partager quelque chose avec lui » ; une étape qui marque sa guérison et ce qu'elle nomme « sa naissance de mère ». Le DVD « L'Autre Naissance » présente des témoignages de jeunes femmes. Les mamans présentes se reconnaissent dans leurs mots : « je me disais : et si je n'y arrivais pas » ou encore « je me répétais : tu es nulle ! » Des jeunes mamans qui soudain, malgré la joie d'accueillir leur enfant, malgré l'amour qu'elles leur portent, se sentent démunies, incapables, ont peur de ne pas être à la hauteur pour en prendre soin. Amplifiés le plus souvent par la fatigue physique, le manque de sommeil, la solitude aussi quand la famille est éloignée et que le conjoint est très pris par son travail et très peu présent, ces sentiments sont souvent refoulés. On veut tellement ressembler à l'image classique de la mère parfaite !
« Toutes ces histoires finissent bien » tient à préciser Ingrid, qui se veut rassurante face aux quelques femmes qui participent à l'échange, soulignant l'importance de parler et de chercher du soutien à l'extérieur. « Ce qu'il faut c'est éviter l'isolement – conseille-t-elle – et faire que la parole sorte et circule. On encourage le lâcher prise, aussi, c'est-à-dire laisser un peu les autres gérer à notre place momentanément ».
Des papas qui cherchent leur place
De l'autre côté du couloir, ce sont quatre futurs papas qui ont pris place sur un tapis autour de Bérengère, doula et elle-même jeune maman. Ils viennent échanger sur leur stress à quelques semaines ou quelques mois d'une première naissance.
Pas toujours facile pour le papa en effet de trouver sa place dans la salle d'accouchement. Pour les rassurer, Bérengère leur prodigue de bons conseils mais leur montre aussi les gestes appropriés pour aider le travail de la future maman. « Ne vous arrêtez pas à vos peurs et posez vos questions – leur conseille-t-elle – la maman va sentir vos inquiétudes ; ne laissez pas un doute planer qui pourrait l'insécuriser ».
Le ton est donné : ce qui compte c'est le bien-être de la future maman et insiste Bérengère, c'est le futur papa qui la connaît le mieux. « Ne rester pas sur votre chaise à la regarder – dit-elle encore – soyez intuitif et faites-vous confiance. » Le mot d'ordre : observer sa compagne, être à l'écoute, mais aussi : savoir s'adapter parce que surtout la première fois « ça ne se passe pas forcément comme on l'avait imaginé ! » Bérengère ne cache rien de ce qui attend les futurs papas et parle de cette « souffrance qui peut-être terrifiante » à voir. Avant de conclure dans un rire : « je ne vous ai pas fait trop peur ? »
De part et d'autre du couloir, on se rejoint sur une même idée. Lorsque le bébé est là, tout tourne autour de lui et il faut essayer le plus possible de préserver la bulle d'état de grâce qui suit la naissance. Ingrid et Bérengère ont les mêmes mots : « préservez-vous des invasions même bienveillantes de la famille » et optez, en tout cas les premiers jours, pour l'envoi de photos ou le dialogue par web-cam interposée.
Enfin, si on vous parle de cadeaux de naissance, aux pyjamas qui seront très vite trop petits, préférez les petits coups de main qui rendent la vie plus facile : « un frigo plein, des plats surgelés, un bac de linge propre et repassé, des heures de ménage... » Une façon, qui sait, de soulager le papa tout en évitant le surmenage de la maman, et du coup, peut-être le maman blues !
Geneviève ROY
Pour aller plus loin :
Voir le DVD « L'Autre Naissance » documentaire de Chloé Guerber-Cahuzac (2013)
Se rapprocher de l'association Maman Blues 35 qui propose des groupes de parole (gratuits) dans un climat de confidentialité mais aussi une ligne téléphonique et une adresse mail pour répondre à vos questions : 06 33 16 08 96 –