L'initiative est venue d'Espagne où Maria Rufilanchas en seulement quatre semaines a collecté l'an dernier près de 800 livres grâce aux réseaux sociaux. Son objectif : distribuer des ouvrages personnalisés aux femmes détenues et « instaurer un dialogue autour du pouvoir de la littérature ».
Depuis quelques mois cette initiative « culturelle, féministe, poétique et solidaire » est reprise en France par l'association Aux Oubliées qui lance sa première collecte.
La première distribution aura lieu en mars prochain à la prison de Fleury-Mérogis. D'autres suivront notamment pour les femmes détenues à la prison de Rennes, seule « vraie » prison pour femmes de France.
L'association française profite de cette campagne de collecte de livres pour mettre en lumière les conditions de vie des détenues incarcérées dans des quartiers pour femmes au sein de prisons mixtes. « La stricte séparation des lieux d'hébergement des femmes et des hommes s'accompagne en théorie d'une possibilité de participer à des activités mixtes. Dans les faits, les « quartiers femmes » au sein des établissements qui accueillent des hommes et des femmes sont généralement enclavés, isolés du reste de la détention, ce qui rend l'accès aux différents services – comme les services médicaux, la formation ou les ateliers – plus difficile pour les femmes. Et ce d'autant qu'elles doivent être accompagnées dans tous leurs déplacements. Dans ces établissements, les femmes n'ont donc, en pratique, pas accès à la majorité des activités, d'abord pensées pour le plus grand nombre : les hommes » peut-on lire sur le site.
Les livres sont alors présentés comme des moyens pour elles de se divertir, d'apprendre, d'oublier, mais aussi de choisir une nouvelle orientation de vie pour la sortie de prison. Parce qu'elles croient en le pouvoir des livres, les fondatrices françaises de l'association Aux Oubliées demandent aux donateurs et donatrices de bien vouloir accompagner chaque ouvrage offert d'un message personnalisé écrit sur la première page. Une condition incontournable pour que le livre soit accepté et redistribué ; « les messages sont véritablement le point central de cette initiative » défendent les organisatrices. En revanche tous les types d'ouvrages – neufs ou d'occasions, en langue française ou étrangère – sont les bienvenus.
Les dons peuvent se faire dès maintenant et durant toute l'année parce qu'il y aura « toujours des prisons à visiter, des femmes à soutenir ». Pour en savoir plus et participer à la collecte, des informations pratiques sont disponibles sur le site et la page facebook de l'association.