Derrière le nom de collectif l'Utéruse une petite dizaine de jeunes femmes lutte à Rennes contre les dépassements d'honoraires pratiqués par un laboratoire dans les analyses de frottis réalisées notamment pour le dépistage du cancer du col de l'utérus. Une augmentation de 7,60 € décidée brutalement voilà un an sans revalorisation du remboursement de la sécurité sociale.
Le 1er février, le collectif a décidé de célébrer le premier anniversaire avec un gâteau et quelques cotillons devant l'entrée du laboratoire. Une façon pour ces femmes de relancer un peu la communication autour de leur combat ; une occasion pour nous de les revoir, neuf mois après notre première rencontre.
Que s'est-il passé pour vous depuis avril 2017 ?
Alors, si la question est de savoir s'il y a toujours des dépassements d'honoraires, la réponse est : oui ! L'an dernier nous avions rencontré le laboratoire Atalante et la sécurité sociale. Nous avions expliqué notre position et chacun avait émis des hypothèses. Nous n'avons eu aucune nouvelle depuis. Pourtant, nous avons quand même l'impression que des choses avancent. Voilà quelques mois le Planning Familial s'est positionné en décidant de ne plus travailler avec ce laboratoire ; il y a aussi des femmes qui sont venues vers nous. On sent que l'information circule un peu même si ce n'est pas encore suffisant à notre goût.
Que pouvez-vous faire pour les femmes qui vous sollicitent ?
Pour celles dont l'analyse est déjà faite et qui nous contactent quand elles reçoivent la facture, c'est trop tard ; nous n'avons pas de solutions. Elles peuvent bien sûr adresser un courrier pour expliquer leur situation, mais à notre connaissance, il n'y a qu'une seule fois où le laboratoire a accepté de faire marche arrière. Les autres femmes, nous les orientons vers d'autres laboratoires.
Pourquoi avez-vous choisi la date du 1er février pour une nouvelle action ?
Parce que c'est à compter du 1er février 2017 que les nouveaux tarifs ont été appliqués avec l'argument que le laboratoire avait fait des investissements techniques lourds pour une meilleure qualité d'analyse. C'est du point de vue du laboratoire une réussite ; on nous avait annoncé qu'il pratiquait 90 000 frottis par an. A raison d'un tarif passé de 15,40 € à 23 €, nous avons calculé que le laboratoire avait dû cumuler en un an un chiffre d'affaires supplémentaire de plus de 540 000 €. Pour nous cet argent a été pris directement dans la poche des femmes. Alors qu'actuellement, ce sont déjà 40 % des Bretonnes qui ne sont jamais dépistées du cancer du col de l'utérus pour des raisons financières.
Vous avez choisi de marquer cette date de façon festive, c'est étonnant, non ?
On leur fait leur boom d'anniversaire ! Peut-être que pour eux c'est une victoire mais on voulait un peu leur gâcher même si on a prévu le gâteau ! En fait, on a choisi le ton de l'humour et du second degré parce qu'on ne peut pas toujours être en colère. On avait aussi envie de faire entre nous un truc qui nous fait plaisir pour se redonner un peu de jus et renforcer nos liens mais aussi pour nous interroger sur la suite. C'est une cause qui depuis un an nous a demandé beaucoup de temps et d'énergie ; on le fait parce qu'on croit vraiment qu'elle est légitime et qu'on espère toujours être entendues. On espère surtout qu'il n'y aura pas d'autre anniversaire. C'est un peu pour leur dire : bravo, mais maintenant, on arrête les dégâts !
Une façon de relancer la communication aussi ?
L'enjeu primordial est celui de l'information des femmes et des professionnel-le-s. Quand on fait des actions comme celle du mois de novembre place de la Mairie on rencontre beaucoup de gens qui ne sont pas au courant. On veut qu'il y ait toujours plus de personnes informées non seulement que cette situation existe et qu'elle est injuste mais aussi que c'est possible de faire autrement. On ne les empêchera pas de faire du dépassement d'honoraires, mais peut-être qu'on pourra permettre à des femmes qui sont, à cause d'eux, privées d'accès aux soins, d'y accéder d'une meilleure façon.
Propos recueillis par Geneviève ROY
Pour en savoir plus : consulter le blog du collectif