Si vous n'avez pas réservé pour le spectacle Legacy présenté en février au TNB, inutile d'espérer pouvoir vous y rendre.
Lucie Benquet parle d'un « véritable engouement du public rennais » ; il n'y a plus de places depuis l'été dernier.
A moins que vous rêviez de voir ce spectacle chorégraphique avec un autre œil : celui d'une femme en marche présente sur la scène entourée des neuf autres participantes que recherche actuellement la jeune femme à la demande de la chorégraphe ivoirienne Nadia Beugré, créatrice de la pièce.
Le public de Rennes connaît déjà Nadia Beugré. L'artiste née à Abidjan travaille en France et fut l'une des interprètes de Samedi Détente, un spectacle qui connut un beau succès l'an dernier au Théâtre National de Bretagne.
Elle revient en février avec une pièce chorégraphique qu'elle a créée l'an dernier pour rendre « hommage aux femmes en marche ». D'ailleurs, la pièce débute par une marche sur place d'une quinzaine de minutes, rappelant celle des femmes de Bassam passées à tabac en 1949 par les autorités coloniales qui avaient emprisonné leurs maris pour raisons politiques. Ces femmes sont, pour Nadia Beugré, le symbole de toutes celles qui « luttent pour leurs droits, la liberté de leurs peuples, leur dignité et celle des leurs ».
Une diversité d'origines, d'âges et de physiques
A Rennes, comme dans les autres villes où le spectacle est joué, la chorégraphe souhaite s'entourer d'une dizaine de femmes que le théâtre d'accueil a le soin de sélectionner pour elle. « Elle ne veut pas de professionnelles de la danse ni du théâtre » explique Lucie Benquet, chargée au TNB des relations avec les publics.
Autrement dit, s'il s'agit d'amatrices de danse, c'est bien, mais l'appel est aussi lancé à toutes celles qui le souhaitent même si elles n'ont aucune pratique artistique. Ce qui intéresse l'artiste c'est que « ces dix femmes puissent représenter une diversité d'origines, d'âges et de physiques. » La seule condition est d'être dans une forme physique plutôt bonne pour pouvoir notamment assurer le début du spectacle et d'accepter de dévoiler le haut de son corps pour quelques scènes où la nudité rappelle les manifestations des femmes africaines.
Lucie Benquet qui regroupe les candidatures n'aime pas parler de « recrutement ». Pour elle, il s'agit d'abord d'une forme d'engagement. D'ailleurs, les échos qu'elle a pu avoir des différentes représentations notamment à Lille ou à Toulouse montrent que les personnes qui répondent à l'appel sont en majorité des étudiantes en arts du spectacle, bien sûr, mais aussi de nombreuses militantes d'associations féministes ou LGBT.
La lutte des femmes, un héritage
La danse de Nadia Beugré est qualifiée par Lucie Benquet « d'assez puissante et très féministe » conjuguant des danses traditionnelles de Côte d'Ivoire et des convictions. En amont du spectacle plusieurs ateliers seront proposés aux dix femmes participantes. Outre les parties dansées, il leur faudra s'imprégner de récits d'héroïnes choisis par la chorégraphe mais aussi chercher qui sont leurs propres héroïnes. Une forme de transmission qu'elles devront à leur tour partager avec le public. « Legacy » en anglais signifie « héritage »...
Les inscriptions pour participer aux sélections doivent se faire par mail avant le 12 janvier. La participation est bien sûr totalement bénévole mais Lucie Benquet insiste sur l'aspect humain de l'aventure qui permet à la fois de découvrir l'envers du décor et de visiter ce lieu magique qu'est le TNB mais aussi de s'intégrer à une petite équipe et de partager quelques bons moments de convivialité.
Geneviève ROY
Pour aller plus loin : inscription jusqu'au 12 janvier par mail auprès de Lucie Benquet à l'adresse suivante :
Photo : Dylan Piaser