J'avais ce sentiment d'être dans un cimetière.
Et certains commentaires de quelques passants étaient tout simplement terribles, surtout que la plupart venaient de jeunes de 12-15 ans.
J'ai pris quelques tenues en photo, des robes de soirée, des tenues simples, des tenues de travail, un short aussi.
D'autres tenues me faisaient penser à des cachettes pour le corps de la femme. Cacher son corps, cacher ses bleus.
Durant mon travail d'observation, un homme que je ne connaissais absolument pas, est arrivé derrière moi par surprise, m'a pris par les épaules violemment et a crié "BOUH". Je suis restée de marbre, lui lançant un regard noir qui l'a dissuadé de faire autre chose. Il a quand même dit " ah ça n'a pas marché".
Qu'est ce qui n'a pas marché ? De me faire sursauter comme une folle, de me faire crier de peur devant tout le monde, sur une place bondée de passants ? Parce que c'est amusant ? Pour prouver que les filles sont de vraies criardes, et je ne sais plus. Je ne comprends pas. Je ne veux pas comprendre. Juste constater que certains se permettent de venir emmerder une femme parce qu'elle est seule, assise sur un banc, avec son carnet en train de regarder la foule. Mais parce que techniquement, je travaillais, j'observais, je prenais des notes ; je TRAVAILLAIS.
Fatigue soudain. Lassitude aussi, je ressens de nouveau un grand vide. Il y a tant de choses à faire.
Je suis restée presque deux heures et demie au milieu de ce cimetière, au milieu de ces fantômes. Beaucoup critiquent le féminisme, parlent de renversement de pouvoir, d'orientation sexuelle, d'un mouvement anti-hommes et j'en passe. STOP. Parce que, une fois au milieu de ces robes, comment ne pas être féministe ?
Le féminisme commence par là. Par une colère qui naît d'une injustice.
Et je vous invite les hommes à modifier votre regard. Parce que vous aussi vous êtes concernés. Parce que vous aussi vous pouvez vous retrouver de l'autre côté du miroir. En tant que témoins mais aussi en tant que victimes.
Alors, agissons.
TOUS.
Louise Pillais