Que penser si votre fille rentrant du lycée vous déclare tout de go : « je veux être actuaire ou géomaticienne » ? Et bien réjouissez-vous ! Elle a décidé d'embrasser une carrière scientifique et dans ces métiers-là, les femmes manquent à l'appel. Pour susciter des vocations, à l'initiative de l'association Femmes et mathématiques, l'Université Rennes 1,le centre Henri Lebesgue, le rectorat, l'INSA et l'ENS de Rennes viennent d'organiser la journée « filles et maths, une équation lumineuse » pour une soixantaine d'élèves de première et terminale des lycées Descartes et Bréquigny de Rennes, René Cassin de Monfort et Sévigné de Cesson-Sévigné.
Dans l'amphi de l'INSA, Nicole Guenneugues, chargée de mission égalité au rectorat, rappelle quelques chiffres et commente : « les filles ont un taux de réussite au bac supérieur aux garçons. Elles sont aussi plus nombreuses à obtenir ce bac avec mention bien ou très bien et elles sont en moyenne plus jeunes parce qu'elles ont moins redoublé. »
Si l'objectif était de remonter le moral des futures bachelières, voilà qui est fait. Mais, elle enchaîne : « lorsqu'elles se considèrent bonnes en mathématiques, six filles sur dix vont préparer un bac S, alors que quand ils se considèrent bons en mathématiques, huit garçons sur dix vont préparer un bac S. Donc, même en se pensant bonnes en mathématiques, les filles semblent hésiter davantage à aller vers des orientations scientifiques. »
Dans le placard de la cuisine
Et la question du jour est bien là : pourquoi les filles ont-elles peur des maths ? Juste avant, dans une conférence dite de vulgarisation Rozenn Texier-Picard, chercheure-enseignante de l'ENS, vient de démontrer que « les mathématiques sont aujourd'hui omniprésentes dans notre vie quotidienne. » Ainsi, elle a pu passer tout naturellement d'un problème d'isopérimétrie au rangement des boites de conserve dans un placard. Car carrées, les boites se rangeraient sûrement plus facilement mais leur contenance serait inférieure et le coût de la matière première pour les fabriquer plus élevé.
Une façon, non pas de démontrer aux futures mères de famille qu'il faut savoir compter pour être une bonne ménagère, mais de dire aux lycéennes : les maths se nichent là où on ne les attend pas. Autrement dit : chassez les idées reçues sur les maths et découvrez toutes les possibilités d'avenir qu'elles vous offrent. Car, et Nicole Guenneugues ne s'y trompe pas, « si les filles hésitent à choisir des carrières scientifiques, c'est surtout par méconnaissance des métiers qui se cachent derrière et de leur intérêt ».
Un univers de touche-à-tout
Quand des petits papiers circulent dans les rangs pour que chacune écrive trois noms de métiers liés aux mathématiques, ceux qui reviennent le plus souvent sont sans surprise : professeur de maths, chercheur et statisticien. Le tout au masculin,bien sûr !
Le but de cette journée « filles et maths : une équation lumineuse » est bien de faire découvrir d'autres orientations possibles. Marie-Noëlle Gérard, de l'ONISEP, rappelle en effet qu'il existe deux types de métiers : « ceux qui sont des métiers purement mathématiques et ceux qui utilisent entre autres choses, les mathématiques. » D'ailleurs, Rozenn Texier-Picard, le disait aussi en évoquant son propre parcours : « faire des maths a été pour moi une très bonne façon de faire tout ce qui m'intéressait sans être obligée de choisir entre la physique, la médecine, la biologie, l'économie, etc.»
Par des rencontres avec des professionnelles et un théâtre-forum, les élèves présentes ont encore pu appréhender des métiers aussi divers et inconnus que géomaticien, géomètre-topographe ou encore cryptologue mais aussi souhaitons-le battre en brèche quelques stéréotypes.
Geneviève ROY