« Si l'ambiance dans la salle est généralement bienveillante, on reste bien conscient.e.s que les salles d'escalade (…) peuvent véhiculer des comportements discriminants » peut-on lire sur le site de The Roof, la « maison de l'escalade » ouverte à Rennes depuis 2020.
Pour répondre à ce constat, chaque trimestre une soirée en mixité choisie est organisée.
Rencontre avec Maïwenn Madec, responsable de l'accueil, pour qui cette initiative est un outil d'inclusivité qui « donne le ton » du lieu.
Dans les anciens bâtiments de l'Hôtel Dieu, aujourd'hui en pleine rénovation, c'est un endroit chaleureux, un peu "bobo", où on peut s'attarder, rencontrer des ami.e.s, profiter à la belle saison des espaces extérieurs. On y boit, on y mange, on peut même jouer au palet, parfois voir une exposition ou un concert. Et bien sûr faire de l'escalade dans une des deux salles pour adultes, sur le mur extérieur ouvert récemment ou encore dans la salle réservée aux enfants.
Un souci permanent d'inclusivité
The Roof se veut un endroit safe. Entendez par là que l'on peut y venir "comme on est" et s'y sentir bien. Et si le chantier qui s'étend tout autour ne donne pas la meilleure image ces derniers temps, ce n'est que provisoire. Bientôt les offres déjà existantes seront transférées dans une autre aile et d'autres espaces seront ouverts. Plus de fréquentation sans doute, plus de visibilité aussi, se réjouit Maïwenn Madec qui gère l'accueil du public.
Le projet du Roof c'est l'escalade, une pratique sportive en plein essor. Comme nombres d'autres sports, les amateurs sont majoritairement masculins. « Chez nous, comme dans toutes les activités sportives, les hommes cisgenres sont nombreux et ça créé des freins pour certaines personnes qui ne sont pas à l'aise avec les codes qu'implique le sport : la compétition, la performance, la validité physique, une certaine esthétique...» explique Maïwenn.
Consciente dès l'ouverture des salles de ces freins à l'accessibilité pour tous.tes, l'équipe a souhaité mettre en place des propositions plus inclusives. Activités pour les personnes en situation de handicap, animations de certaines soirées confiées à des drags queens, tarifs peu élevés... Les idées ne manquent pas pour ce que Maïwenn appelle « l'inclusivité en général » citant au passage ces « temps calmes deux fois par semaine destinés aux personnes atteintes d'hyper sensibilité sensorielle ».
Une porte d'entrée vers l'activité physique
Tout naturellement, donc, les salles d'escalade se sont aussi tournées vers un public différent : les femmes, les personnes transgenres, intersexes et non binaires, des personnes dit Maïwenn « de différents genres et différents physiques ».
« Ces soirées en mixité choisie sont une porte d'entrée vers l'activité physique en général – détaille-t-elle – ça permet d'expérimenter des choses avec son corps qui sont de l'ordre de l'estime de soi ; ça reste une performance physique mais aussi une pratique ludique » alors regrette-t-elle aussi qu'on « habitue malheureusement beaucoup les filles et les femmes cisgenres à utiliser leur corps dans une dimension surtout esthétique ».
Tous les trois mois donc, ce sont de 20 à 50 personnes qui chaussent leurs chaussons d'escalade, des habituées mais aussi des nouvelles pratiquantes, celles qui viennent à d'autres moments mais surtout celles qui ne viennent que ces soirs-là.
Dans le même esprit, les compétitions organisées au Roof, comme ce sera le cas le 10 juin prochain, laissent la part belle à toutes les formes de pratique. Là encore, la performance ne sera pas le seul critère de réussite. « On n'a pas envie que ce soit juste une compétition – explique Maïwenn - L'escalade peut mobiliser plein de compétences différentes : la force bien sûr mais aussi la souplesse, l'équilibre... et tout ça anime beaucoup notre équipe ! »
Geneviève ROY
Pour aller plus loin : prochaine soirée en mixité choisie au Roof, le dimanche 18 juin de 18 à 23 heures. Plus de renseignement sur le site de The Roof